VARIETES BORDELOISES
du mot Latin
extrem us,
et qui donne à entendre que le lieu
qui portoit cette dénomination étoit situé à quelque extrémité
du Médoc.
Ces deux mots, l’un Celtique et l’autre Latin, furent donnés
au lieu en question dans un temps où l’on parloit encore dans
ce pays l’un et l’autre langage. Ils sont tous les deux signifi
catifs, et nous apprennent que l’endroit où ces défrichemens
avoient été faits, étoit situé dans quelque extrémité de la
contrée du Médoc.
Cet exemple doit nous convaincre que les noms des lieux
ne sont pas toujours aussi barbares qu’ils nous paraissent, et
que les anciens ont donné à chaque lieu, non des dénomi
nations bizarres, mais analogues à leur situation respective et
à mille autres circonstances qui nous sont inconnues. Cela
pourrait devenir un sujet d’étude particulière pour des per
sonnes qui, participant en quelque degré au génie pénétrant
que fait paroître l’Auteur du
M onde p r im itif
sur les divers
objets d’antiquité, pourraient par ce moyen contribuer à faire
revivre un très-grand nombre de mots du langage que parloient
les anciens habitans des Gaules.
Il y avoit autrefois dans le lieu d’Artigue-Extremeyre le
chef-lieu d’un Prieuré qui portoit la même dénomination. Ce
Prieuré, selon les apparences, n’existoit pas sans Eglise. Quoi
qu’il en soit, un acte du 11 Novembre 1354, par lequel le
Seigneur de Lesparre fut mis en possession de la
Pruderie du
Médoc,
fut passé, ainsi qu’il y est énoncé, dans la place qui
étoit au devant de la porte de. ce Prieuré :
A u loc d ’A r tig u a -
E xtrem ey ra , en la yra dctvant la porta deu P rio ra t de A rtig u a -
Extremeyrct.
Le local où étoit le chef-lieu de ce Prieuré est actuellement
couvert par les dunes de sable, si tant est qu’il ne soit pas
englouti, en tout ou en partie, par les flots de la mer. Telle
est la triste situation de la contrée du Médoc. Elle a éprouvé
non seulement la destruction de ses établissements les plus
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