VARIÉTÉS BORDELOISES
du vaste espace qu’ils occupent, et dont le public se trouve
privé, ces sables sont par eux-mêmes stériles et ne sont
d’aucun usage. A la vérité, la montagne de la Teste et celle
de Biscarrosse sont depuis long-temps couvertes de pins qui
donnent un revenu considérable ; il en seroit sans contredit
autant à l’égard de ces dunes, si on pouvoit parvenir à fixer
la mobilité des sables dont elles sont formées. Mais comment
y est-on parvenu anciennement? C’est ce qu’on ignore dans
le siecle .où nous sommes; et d’ailleurs, qui sont les parti
culiers qui oseroient entreprendre d’en faire les frais?
Il seroit pourtant d’autant plus essentiel qu’on pût y par
venir, que ces sables, poussés par la violence des vents qui
régnent plus sur nos côtes que par-tout ailleurs, s’avancent
continuellement dans l’intérieur des terres, et en couvrent
peu à peu la surface. On comprend aisément combien de
maux il en résulte. Les terreins cultivés deviennent incapables
de productions, et on est forcé de les abandonner. Combien
d’exemples n’en pourroit-on pas citer? De combien de
Villages et d’autres lieux anciennement habités, la mobilité
et le transport de ces sables n’ont-ils pas occasionné la déser
tion et même l’entiere destruction? Que de preuves n’en
pourroit-on pas rapporter?
Mais parvînt-on à en fixer la mobilité, la seule position de
ces sables dans les lieux qui en sont couverts seroit ni plus ni
moins très-préjudiciable; ils mettent obstacle au cours des eaux
pluviales, et occasionnent le changement des champs cultivés,
en étangs et en marais qui ne sont propres qu’à infecter l’air.
On observera, à cet égard, qu’il existe dans l’étendue des
landes, du midi au nord, une espece de dos-d’âne qui renvoie
vers le levant une partie des eaux pluviales, et l’autre partie
vers le couchant. On ne doutera pas de l’existence de cette
espece de dos-d’âne, qui, à proprement parler, n’est qu’une
élévation insensible, si l’on fait attention qu’une partie des
eaux de la lande, dont l’assemblage forme des ruisseaux, ont
214
