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CÔTES DE LA MER
On ne peut donc pas douter, d’après ces différentes autorités,
qu’on n’ait fait anciennement sur nos côtes la pêche de la
baleine. Cleirac a consacré un chapitre entier de son ouvrage
à décrire la maniéré dont se faisoit cette pêche.
On ne fait plus depuis long-temps d’autre pêche sur pos
côtes que celle du poisson de Marée, pour l’approvisionne
ment de la Ville de Bordeaux. Ce poisson y est devenu
depuis quelques années d’une cherté excessive; mais cette
pêche n’est pas d’une grande ressource pour les habitans de
la côte. On sait que c’est la disette ou l’abondance qui
mettent le prix au poisson, ainsi qu’aux autres denrées. S’il
y existoit un grand nombre de Pêcheurs, le poisson ne seroit
pas, à beaucoup près, aussi cher. Mais, indépendamment que
la guerre dépeuple la côte de Matelots, il existe une autre
cause de la disette des Pêcheurs.
Il n’est pas naturel qu’on embrasse une profession qui ne
fournit pas suffisamment de quoi vivre, pour soi et pour sa
famille. Ces Pêcheurs exposent leur fortune et leur vie, et ils
ont le mal au cœur de voir que le profit le plus clair, pro
venant de leurs sueurs et de leurs travaux, passe dans des
mains étrangères, sous prétexte de droits seigneuriaux dont
on n’entreprendra point d’approfondir l’origine.
Quelle que puisse être la nature de ces droits, ils se per
çoivent sur la totalité de la vente du poisson, sans la moindre
distraction de frais d’armemens et de transport du poisson à
Bordeaux ; ensorte qu’on peut dire qu’ils se perçoivent sur
les avances même très-considérables que ces Pêcheurs sont
obligés de faire, soit pour se mettre en état de pêcher, soit
pour mettre leur poisson en état d’être vendu.
Telle est la vraie cause de la disette de Matelots pour la
pêche sur nos côtes, et par une suite nécessaire, de la cherté
du poisson dans Bordeaux. Ne seroit-il pas du bien public,
de l’intérêt même de l’Etat, d’encourager la pêche sur nos
parages, en la délivrant au moins des anciennes servitudes
