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VARIÉTÉS BORDELOISES
en détail toutes les divisions et subdivisions d’une cosmo
graphie complette. Par exemple, je ferais graver le plan
exact du local, et ses plus petites différences naturelles et
civiles; je donnerais sa latitude et sa longitude très-précises;
sa distance de Bordeaux et des autres Villes et Bourgades voi
sines, ainsi que de la Garonne; les hauteurs des collines; le
degré d’inclinaison des ruisseaux, depuis leur source jusqu’à
leur embouchure; la qualité des eaux courantes, celle des
puits, des fontaines, et leur analyse chymique; la nature
des divers terreins, et de leurs couches jusqu’à une profon
deur déterminée; toutes les especes de plantes qui y crois
sent, tous les fossiles qui s’y trouvent, tous les animaux
sauvages ou domestiques qui y vivent, quadrupèdes, oiseaux,
insectes, serpens, poissons; le nombre des Habitans, leurs
mœurs, leurs vêtemens, leurs usages, leur agriculture, leur
commerce, leur industrie, leurs impôts, les principaux idio
tismes de leur langue, son histoire et quelques pieces origi
nales pour en donner une idée. Cet Ouvrage serait accompagné
de plusieurs gravures absolument nécessaires, sur-tout de
celles qui ont trait aux mœurs, et quelquefois à l’histoire
naturelle. Quant à la partie historique, elle ne pourrait être
que fort courte ; vous demanderez peut-être : mais à quoi bon
tous ces détails qui n’intéresseraient personne ? D’accord pour
le siecle présent; mais observez, je vous prie, qu’un pareil
travail ne peut être consacré qu’à la postérité, et même très-
reculée. Ce n’est que pour elle qu’il peut devenir, si je puis
m’exprimer ainsi, un
étalon
très-précieux, sous les rapports les
plus importans. Mais une base aussi solide, pour tant de
comparaisons si nécessaires, sur-tout à l’histoire naturelle, n’a
jamais existé, ni n’existera peut-être dans un district donné.
Songez-y un instant, mon cher Confrere : si, par une faveur
du Ciel toute particulière, il nous étoit resté seulement du
dixième siecle une description semblable d’une Paroisse bien
peuplée, telle qu’en offrait beaucoup, à cette époque, l’Entre-