CAMPARRIAN
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ou de Vouilli près Poitiers, dans laquelle Clovis tua de sa
propre main Alaric II, Roi des Visigots, fut livrée en l’an
née 507, et non en 509, comme le prétend Delurbe. On peut
consulter, à cet égard, le savant Ouvrage intitulé
l’Art de
vérifier les dates;
2° Delurbe s’est également mépris lorsqu’il
avance que
les fuyards s’étant retirés vers Bordeaux furent pour
suivis par Clovis.
Quoique Delurbe ne cite pas ses garans, il
est pourtant certain qu’il a puisé ce fait dans la
Chronique
de
Jean Vaseus, qui se trouve dans le
Recueil des Chroniques
d’Espagne,
imprimé à Francfort en 1579, chez André Wecheli.
Or, cet Ecrivain ne dit pas que Clovis ait poursuivi les Visi
gots jusqu’à Bordeaux, après leur défaite près Poitiers, mais
uniquement un parti de cette nation, qui ne s’étoit pas
trouvé à cette bataille, mais qui voulut tenter le sort d’un
nouveau combat. Voici les propres termes de cet Ecrivain
Espagnol....
In Burdigalensium finibus, Gothi qui prcelio abfue-
rant
,
ausi fortunam prœlii tenture, tantâ cœde victi sunt, ut is
locus campus Arianus etiain nunc vocitetur. (Rerum Hispani-
carum Scriptores aliquos, p. 546.')
30 Delurbe ajoute « que
» Clovis, victorieux, ayant pris Bordeaux et les Villes circon-
» voisines, passa l’hiver audit Bordeaux ». On a lieu de pen
ser que la prise de Bordeaux, par Clovis, est une autre
méprise de Delurbe. Grégoire de Tours, qui nous apprend le
séjour que Clovis fit à Bordeaux pendant l’hiver, garde un
profond silence sur la prétendue prise de cette Ville.
Clodo-
veus vero,
dit cet Historien,
apud Burdegalensem urbem hyemem
agebat, cunctos thesauros Alarici à Tholosâ auferens, Engolismam
venit.
D’ailleurs nous apprenons par l’Histoire, que toutes les
Villes s’empressoient à l’envi d’ouvrir leurs portes à ce Con
quérant, comment Bordeaux, qui avoit éprouvé la persécution
et la tyrannie des Visigots, auroit-il fermé les portes à Clovis
qui venoit de l’en délivrer ? Il y a donc apparence que
Delurbe s’est mépris à cet égard, ainsi que sur le reste.
T. II.
(Édit. Baur.,
vol. IV.)
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