1876_II - page 371

CONTRÉE DE TERRE GASQUE
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trées placées sur la rive gauche de la Garonne, c’étoit la
seule qui pouvoit être du goût des anciens habitans de Bor­
deaux; car pour ce qui est des landes, on peut juger ce qu’ils
en pensoient par ces mots de Saint Paulin à Ausonne :
Aut piceos malis describere
Boios.
Le contraste que met Saint Paulin entre une Ville brillante,
nitentem Burdigalam,
et la figure sordide et halée des gens qui
exploitent la poix et la résine,
piceos,
exprime d’une maniéré
assez sensible l’espece de dédain qne l’on avoit dès-lors dans
Bordeaux pour la contrée des landes, et qui y a persévéré
jusqu’au temps présent.
Tout conduit donc à faire penser que la contrée du Cernés
étoit cultivée et habitée par préférence à celles du Pays Bor-
delois placées sur la rive gauche de la Garonne. Or, les Sar­
rasins qui sortirent d’Espagne dans le huitième siecle, sous la
conduite d’Abderamc leur Chef, et qui pillèrent, saccagèrent
et incendièrent Bordeaux, trouvant que la contrée dont il est
ici question, étoit peuplée et bien cultivée, la dévastèrent
entièrement, ne fût-ce que pour répandre la terreur dans le
pays; et c’est, selon les apparences, ce qui lui fit donner an­
ciennement la dénomination de
terre gasque.
Telle est notre
opinion, que nous soumettons volontiers au jugement du Pu­
blic. Au reste, il est libre à un chacun de travailler à décou­
vrir une origine de cette ancienne dénomination, et plus vrai­
semblable et mieux fondée.
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