1876_II - page 269

DISCOURS PRÉLIMINAIRE
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i
l’Etranger, et les bords de la riviere jusqu’à Langon; c’est-à-
dire, une lieue, ou tout au plus une grande lieue et demie
depuis la Garonne dans l’intérieur des terres ; tout l’intérieur
de la rive gauche de ce fleuve, jusqu’à l’Océan, a été très-
peu cultivé, et encore moins fréquenté par les anciens habi-
tans de Bordeaux.
Les Landes ont toujours paru à ceux-ci un pays épave, où
il falloit être né, pour y faire son séjour. D’ailleurs, la qua­
lité du terroir et la nature de ses productions n’étoient pas
propres à y attirer les. habitans de Bordeaux, qui ont cons­
tamment préféré les récoltes en froment à celles en seigle et
millet; celles en vin, à celles en poix et en résine.
On voit ce goût primitif exprimé au naturel dans ce vers
de Saint Paulin à Ausonne :
nitentem
Buriigàlam, aut piceos malts describerc Boios ?
A l’égard de la contrée du Médoc, l’air marécageux qu’on
y respiroit anciennement, la rendoit, pour ainsi dire, le
cimetiere de ses habitans ; elle n’étoit donc pas autrefois plus
fréquentée par les habitans de Bordeaux, que la contrée des
Landes. C’étoit donc principalement du côté de la rive droite
de la Garonne qu’ils se plaisoient à cultiver des biens de
campagne ; aussi est-ce de ce même côté qu’il se trouve
moins de landes, ou, pour parler plus exactement, que le
terrein y est entièrement en culture.
On n’apperçoit pas sur cette même rive de la Garonne,
des vestiges de nouvelles peuplades faites au préjudice des
anciens établissemens des naturels du pays. On lit bien dans
Grégoire de Tours
(de gloriâ Confess, cap.
48), que les habi­
tans de Rions turent infectés de l’Arianisme par les Visigots ;
mais ces Barbares se bornèrent à y répandre leurs erreurs,
sans qu’il paroisse qu’ils y aient fait des établissemens.
M. l’Abbé Expilly, (au mot
Aquitani),
prétend, à la vérité,
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