1876_I - page 201

SAINTE-MARIE
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même dans l’Eglise avec les autres Fideles. C’est la tradition
qui subsiste encore sur les lieux. Le traitement de ces Gahets
dans cette Paroisse, n’avoit rien de particulier dans ce temps-
là. C’étoit ainsi qu’ils étoient traités dans tous les Dioceses
de la France, où il en existoit. On croit devoir insérer ici ce
qu’on trouve à cet égard dans des anciens Statuts Synodaux
du Diocese de Troyes en Champagne (1). Ce trait de l’an­
cienne discipline, à l’égard de ces infortunés, ne déplaira pas
sans doute aux personnes qui aiment à s’instruire sur les
anciens usages.
On observera que le nom de
Gahets,
qu’on donnoit dans
ce pays-ci à ceux qui avoient le malheur d’être atteints de la
(1)
C’est la manière de recepvoir le Ladre et mettre hors du siecle et rendre en
sa horde.
Primo,
la journée, quand on les veut recepvoir, ils viennent à l’Eglise,
et sont à la Messe, laquelle est chantée du jour, ou autrement, selon la
dévotion du Curé ; et ne doibt point estre des Morts, si comme aucuns
Curez l’ont accoustumé de faire.
Item,
à icelle Messe, le malade doibt estre séparé des autres gens, et
doibt avoir son visage couvert et embrunché comme le jour des Trépassez.
Item,
à icelle Messe, doibt offrir ledit Ladre et doibt baiser le pied du
Prestre, et non pas la main.
Item,
à l’issue de l’Eglise, le Curé doibt avoir une pelle en sa main, et
à icelle pelle doibt prendre de la terre du cimetiere trois fois, et mettre sur
la teste du Ladre, en disant : « Mon amy, c’est signe que tu es mort quant
» au monde, et pour ce ayes patience en toy. »
Item,
la Messe chantée, le Curé, avec la croix et l’eau béniste, le doibt
mener à sa borde, comme par maniéré de Procession.
Item,
quand il est à l’entrée de ladite borde, le Curé luy doibt faire les
sermons et instructions après escriptes, en disant en ceste maniéré :
« Amy, tu sçais, et il est vray, que le Maistre des deux eaus, Maistre de
la Maladerie Sainct-Ladre de Troyes, par ses lettres présentées à moy,
comme bien esprouvé et battu de la maladie Sainct-Ladre, t’a dénoncé
Ladre ; pourquoy je te desfends que tu ne trépassés he offences ez articles
cy après escripts. »
Primo,
que tant que tu seras malade, tu n’entreras en maison nulle, autre
qu’en ta dicte borde, ni ne coucheras de nuict, ne en moulin tu n’entreras.
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