VARIÉTÉS BORDELOISES
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que curieuse, et il y établit que ces Gahets ou
Cagots,
ainsi
qu’on les appelloit dans le Béarn, descendoient des Sarrasins
qui furent défaits par Charles Martel.
M. l’Abbé Venuti, qui, dans sa dissertation sur les Gahets,
a embrassé une opinion différente, et qui combat celle de
M. de Marca, demande : « Quel est l’Auteur contemporain
» qui nous assure qu’après cette bataille il resta des Sarrasins
» en Gascogne, et qu’ils se firent Chrétiens? Nous savons,
» au contraire, observe ce Savant, qu’ils se retirèrent dans la
» Septimanie, Province soumise à leur domination, et de là
» en Espagne. Pourquoi s’arrêter en Gascogne et en Guienne,
» demande-t-il encore, où ils n’avoient ni Etats, ni habita-
» tions? »
Ce n’est point ici le lieu de répondre à ces différentes
questions. Il suffira d’observer que les Sarrasins qui rava
gèrent l’Aquitaine en l’année 732, et qui en particulier
pillèrent et incendièrent la ville de Bordeaux, y étoient venus,
au rapport d’un Auteur presque contemporain, dans l’intention
de s’y établir, et que pour cet effet ils y avoient emmené
leurs épouses et leurs enfans (2). Tel étoit leur but, lorsqu’ils
se répandirent comme un déluge dans cette Province, et
particulièrement dans le Pays Bordelois. Il y a donc tout
lieu de penser, qu’à mesure qu’ils se rendoient maîtres du
Pays, ils y laissoient leurs femmes et leurs enfans avec des
détachemens suffisans pour les protéger.
A la bonne heure que ceux qui furent défaits par Charles
Martel à la bataille de Poitiers, se soient retirés dans la
Septimanie, et de là en Espagne; on ne disconviendra point
de ces faits; mais il existe trop de vestiges de l’ancien séjour
des Sarrasins dans le Pays Bordelois, pour ne pas leur attri-
(2)
Deindè post decern annos cum uxoribus et parvulis venientes (Parraceni)
Aquitaniam Gallia; Provinciam quasi habitatnri, ingressi sunt. (Paul. Varnefr.
de gestis Longobardorum, lib. 6, cap. 46.)
