 
          P RÉ FACE
        
        
          XI
        
        
          Et maintenant il ne nous reste plus qu’à exprimer un dernier vœu.
        
        
          L’asile que Baurein avait choisi pour reposer en paix, l’église des Feuillants,
        
        
          n’est plus, le feu n’a laissé que des ruines. Bientôt le collège et la chapelle
        
        
          disparaîtront, des rues nouvelles sillonneront l’ancien cloître. En fouillant
        
        
          le sol de la chapelle, à côté de Montaigne, on découvrira plus d’une tombe ;
        
        
          qu’on recherche avec soin sous le chœur, et si celle de Baurein peut être
        
        
          reconnue et sauvée, que ses concitoyens lui élèvent un modeste tom
        
        
          beau (i).
        
        
          II.
        
        
          Les critiques, qui ont été élevées sur l’œuvre de Baurein, portent prin
        
        
          cipalement sur le style de l’ouvrage et les redites nombreuses qu’on ren
        
        
          contre dans le livre. On dit que le style est vieux et parfois diffus, ce
        
        
          reproche peut être vrai : on sent le chercheur qui faisait ses lectures des
        
        
          anciennes chartes écrites dans un langage barbare; les répétitions sont
        
        
          fréquentes, avec cette particularité, qu’en reproduisant la même idée, elles
        
        
          reparaissent dans des termes identiques ; cela rappelle certains vers de
        
        
          l’
        
        
          
            Iliade,
          
        
        
          qui reviennent sous la même forme lorsque le poète avait à décrire
        
        
          le même objet ou le même héros. L’auteur se plaint aussi trop souvent du
        
        
          manque de renseignements.
        
        
          Ces défauts peuvent-ils enlever quelque valeur à l’œuvre du savant?
        
        
          Nous ne le pensons pas ; ne sommes-nous pas en tout cas désarmé lorsque
        
        
          nous voyons Baurein lui-même s’accuser de ces défaillances et nous dire
        
        
          modestement :
        
        
          « On croit devoir avertir que ce n’est pas à la réputation d’Ecrivain qu’on
        
        
          » aspire en donnant cet Ouvrage au public ; on sent combien on en est
        
        
          » éloigné, et on souscrit volontiers à tous les défauts de style qu’y a ren-
        
        
          » contrés une main amie..... »
        
        
          Aussi en rééditant ce livre, nous sommes-nous fait un scrupule de res
        
        
          pecter le texte de l’auteur, d’y laisser subsister même les incorrections,
        
        
          d’y reproduire l’orthographe de l’écrivain (2), de donner à l’ouvrage sa
        
        
          physionomie primitive, en un mot de tenir notre promesse à la lettre :
        
        
          « R
        
        
          éim prim er
        
        
          le
        
        
          L
        
        
          iv r e
        
        
          de
        
        
          B
        
        
          a u r ein
        
        
          . »
        
        
          ("i)
        
        
          
            Il existe à Bordeaux, non loin de la
          
        
        
          Porte des Capucins,
        
        
          
            une petite rue
          
        
        
          
            a laquelle on a donné le nom de
          
        
        
          Beaurein.
        
        
          (2)
        
        
          
            Le seul changement que nous nous sommes cm autorisé à apporter a été
          
        
        
          
            d’adopter une orthographe uniforme à l’égard de certains mots qui se trouvent
          
        
        
          
            écrits de différentes façons. L’orthographe choisie a été celle que Baurein a le plus
          
        
        
          
            généralement employée.