156
VARIÉTÉS BORDELOISES
étoit décédé sans enfans mâles, ainsi que Bernard de Les-
parre. Quoi qu’il en soit, la Seigneurie de Lesparre tomba
au pouvoir du Roi d’Angleterre, dont les Officiers se mirent
en possession, soit par des raisons d’Etat, soit qu’ils eussent
rendu taisans ceux qui y avoient des prétentions; ce qu’on
ignore.
Il y avoit pour lors un procès pendant entre le Seigneur de
Lesparre et les habitans de cette Seigneurie, au sujet de la
questalité. Le Seigneur soutenoit que ceux-ci y étoient assu
jettis; les habitans prétendoient le contraire. Pour terminer
ce différend, le
très-haut et très-puissant Seigneur et Prince Mes-
sire Jea n , Com te de H un tin g to n et d ’I v r i, Lieutenant en Guienne
pour le R o i,
affranchit les habitans de la Seigneurie de Les
parre de l’assujettissement à la questalité, par acte du 14 Dé
cembre 1439, retenu par Jean Deperreriis, Notaire à Bor
deaux; ensorte que de ce jour ces habitans furent autorisés
à disposer, en faveur de leurs enfans, de tous les biens- qu’ils
pourraient acquérir; ce qu’ils ne pouvoient faire dans l’état
de questalité.
On observera que lorsque quelque Seigneurie de la Guienne
tomboit au pouvoir des Rois d’Angleterre, c’étoit une poli
tique de leur part de la conserver aussi long-temps qu’il leur
étoit possible, non pour en jouir à leur profit, mais pour en
gratifier leurs créatures, ou ceux qui leur avoient rendu ser
vice, ou pour dédommager ceux qui avoient été dépouillés
de leurs Seigneuries par les ennemis. D’après cette politique,
dont la preuve est consignée en une infinité d’endroits des
rôles Gascons,
Bernard A n g e v in ,
qui paroît avoir eu beau
coup de dispositions pour ces sortes de faveurs, et qui savoit
d’ailleurs prendre les moyens pour se les procurer, fut celui
qui obtint, vers l’an 1440 ou 1441, la jouissance de la Châ
tellenie de Lesparre, et de tout le territoire qui en dépendoit.
On trouve la preuve de ce fait dans les rôies Gascons des
années 1440, 1441 (t. I, p. 222). Bernard Angevin ne
