1876_III - page 51

SAINT-MORILLON
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lenient servir à fixer ce qu’on doit penser de ces élévations
dont .il est ici question ( i) .
11 étoit alors très-étroitement défendu d’ensevelir les morts
les uns sur les autres. Chaque défunt avoit sa sépulture ^dis­
tincte. et séparée de toute autre par un espace suffisant; et
pour qu’on fût bien instruit des endroits où il en existait,, on
amoncelloit sur chacune une certaine quantité de terre, et on
y formoit une espece de monticule semblable à celles qu’on
retrouve encore à présent dans nos landes. -
Cet usage n’étoit point particulier aux Chrétiens; il étoit
reçu chez les Païens même, et il prenoit sa naissance dans le
respect sur-tout que l’antiquité portoit aux corps et aux cen­
dres des défunts, et aux lieux où étoient placées leurs, sépul­
tures.
Pergit audacia,
dit une loi Romaine (L. 5, c. de-
Sépulc. viol.),
ad Busta defunctorum et aggeres consecratos, cum
et lapident hint movere et terrant avertereet. cespitem evellerc, proxi-
mun sacrilegio majores nostri semper babuerint.
C’étoit donc une
espece de sacrilege chez les Païens, c’étoit en quelque sorte
violer les sépulcres, que d’en arracher quelque pierre, d’en
remuer la terre, d’en ôter même le gazon.
Qu’on fasse bien attention à ces mots,
aggeres. consecratos
,.
qui expriment si clairement ces monceaux de terre qu’on
élevoit au-dessus des sépultures, et qui, chez les Païens, en
faisoient en quelque sorte la consécration. Voilà, il n’en faut
pas douter, l’origine de ces monticules qu’on retrouve encore,
dans nos landes et dans la Paroisse de Saint-Morillon.
Bien loin que le trésor qu’on a trouvé dans cette Paroisse,
aux environs de ces éminences, soit une preuve qu’elles aient
(1)
Avi met, proavi tui tumulum, hesterno (proh dolor) die penè maints pro~:
phana temeraverat. Sed Deus affuit ne nefas tantum perpetraretur. Campus aatem
ipse dudùm rejertus, tam Bustualibus favillis, quàtn cadaveribus, nullain jam diu
sïrobem recipiebat : sed tamen tellus-, humatis qua superducitur, redierat iit pris-
tinam distenta planiliem pondéré nivali, seu diuturno imbrium flnxu sidentibvs
acervis.
(Sid. Appoll., lib. 3, epist. 12.)
1...,41,42,43,44,45,46,47,48,49,50 52,53,54,55,56,57,58,59,60,61,...511
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