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VARIÉTÉS BORDELOISES
une infinité d’exemples, pris tant des rôles Gascons, que
dans les
Actes de Rymer
. Il n’est guere même possible que la
chose soit autrement. Leur prononciation est totalement dif
férente de la nôtre : elle peut donc influer pour beaucoup
dans l’orthographe des noms, des lieux et des personnes :
d’ailleurs des Écrivains étrangers, qui ne sont pas à portée de
s’instruire par eux-mêmes des faits qu’ils rapportent, et des
lieux et des personnes dont ils parlent, peuvent très-aisément
altérer et même défigurer leurs noms.
De quelque maniéré que la chose soit arrivée, les François,
selon cet Écrivain, qui étaient pour lors maîtres de Bordeaux,
furent repoussés avec perte, par les Anglois, qui les poursui
virent jusques aux portes de cette Ville, et dont quelques-uns
entrèrent pêle-mêle, et y furent faits prisonniers.
Pour éclaircir ce point d’Histoire, et expliquer l’occasion
de ce combat, on observera que la guerre s’étant allumée
entre la France et l’Angleterre, vers la fin du treizième siecle,
et à l’occasion de certaines insultes faites par les Anglois à
des vaisseaux Normands, le Roi Philippe le Bel fit ajourner à
la Cour des Pairs, Edouard Ier Roi d’Angleterre, qui avoit
refusé de rendre justice à ce Prince. Ce Roi ne s’étant pas
rendu sur cet ajournement, il fut déclaré convaincu du crime
de Félonie, et le Duché de Guienne fut confisqué au profit
de Philippe le Bel, qui y envoya son frere, le Comte de Va
lois, et Raoul, Comte de Clermont, qui s’en emparerent ; en-
sorte qu’à cette occasion, Bordeaux rentra, pour quelque
temps, sous la domination Françoise.
Si on consulte les rôles Gascons de cette époque, il paraît
que le Roi Edouard ne regardoit pas d’un œil indifférent la
confiscation qui venoit d’être faite à son préjudice. Il prenoit
toutes les mesures nécessaires pour rentrer dans la possession
du Duché dont il venoit d’être dépouillé. Ce fut donc à cette
occasion que fut livré le combat dont Thomas Walsingham
fait mention. Mais cette guerre ne fut pas de longue durée.
