SAINT-VINCENT DE PREIGNAC
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Preignac, et où s’est formé, dans la suite, le Village qui en a
pris le nom. On appelle encore à présent le
Pape Clément,
la
vigne que ce Souverain Pontife possédoit dans la Paroisse de
Pessac. Rien n’est plus commun dans la campagne, que d’attri
buer au local le nom de la personne qui en est le propriétaire.
Le même Fortunat nous apprend que
YEvêque Léonce
avoit
réparé ou fait construire diverses Basiliques, entr’autres, celle
de
Saint-Vincent-sur-Garonne,
qu’il avoit ornée avec une muni
ficence extraordinaire, et qu’il avoit fait couvrir en étain ( i) .
La dévotion que Léonce fit paraître pour ce Saint Martyr,
autorise à penser que ce fut cet Evêque qui fit construire
l’Eglise de Preignac, qui est en effet dédiée sous l’invocation
de Saint Vincent. Léonce avoit des possessions dans ce lieu;
et il ne faut pas s’imaginer que, dans ce temps-là, elles fussent
morcellées, comme elles le sont à présent. Ausonne, dans
une de ses Epîtres à Saint Paulin, appelle
Royaumes,
les Do
maines que ce Saint avoit reçus de ses ancêtres, et auxquels
il avoit renoncé pour embrasser la pauvreté Evangélique; et
c’est ce qui excitoit les regrets d’Ausonne, qui, quoique Chré
tien, n’étoit pas, à beaucoup près, animé du même esprit (2).
Il ne faut donc pas s’imaginer que Léonce, qui étoit de la
même famille, et qui d’ailleurs étoit un des principaux Sei
gneurs de l’Aquitaine, possédât simplement quelques arpens
de terre dans Preignac ; il devoit y avoir des possessions
considérables, et peut-être étoit-il Seigneur de ce lieu,
comme l’étoit Saint Paulin de celui de Langon, assez voisin
de Preignac ; il ne serait donc pas surprenant qu’un Evêque
aussi zélé que l’étoit Léonce, eût fait pour lors ce qui étoit
(1)
Hujus amore novopia vota Leontius explens
Qua sacra membra jacent stannea tecta dédit.
(Fortuti.,
Lib. I,
Poëma 8.)
(2)
Ne sparsam raptamque domum, lacerataque centum.
Per Dominos veteris Paulini régnafleamus.
(Auson., Epist. 23, Num. 486.)
